L’excitation autour des résolutions du début de chaque année marque les esprits et alimente les discussions. Nous nous sommes habitués à ces discussions, certaines nous inspirent, d’autres nous interpellent, et d’autres nous poussent à réfléchir en profondeur pour faire les choses différemment ! J’espère, à travers la lecture du présent article, que vous allez entreprendre vos résolutions du Nouvel An d’une manière différente par rapport aux années passées, ou au moins, changer de perception par rapport à ces résolutions en général.
Les résolutions sont très attractives au moment de leur « annonce ». Le sujet est important malgré une popularité des résolutions du Nouvel An qui diffère entre les pays : entre 12 (Suède) à 44% (Etats Unis) des personnes interrogées déclarent qu’elles se fixent des résolutions pour le début de l’année selon des chercheurs de l’Université de Stockholm. Les résolutions restent majoritairement (66% des cas) entre trois catégories : l’activité / la santé physique, les habitudes alimentaires, et la perte du poids.
Source : Université de Stockholm
Pour votre cas, et que vous soyez parmi ceux qui se fixent des résolutions ou ceux qui n’y croient pas, je vous invite à explorer les raisons d’échec de cette pratique, et en tirer des recommandations pour votre développement personnel et interpersonnel. Tout d’abord, est-ce que vous vous êtes demandé, combien de gens arrivent au bout de leurs résolutions annuelles en les adoptant effectivement durant toute l’année ?
Selon une étude d’une société internationale de sondages et d'analyse des marchés (YouGov) couvrant 1174 répondants, seulement 9% des personnes qui se sont fixé des résolutions annuelles estiment qu’elles ont réussi à les maintenir durant l’année. Les personnes qui considèrent qu’ils ont réussi à maintenir certaines de leurs résolutions (et non toutes les résolutions) sont pratiquement 19% des répondants. Il s’avère aussi que 30% des personnes annonçant des résolutions au début de l’année, ne les maintiennent plus après l’écoulement des deux premières semaines, et ce selon des chercheurs de l’Université de Scranton. Après l’euphorie du début de l’année, et un mois après, seulement 64% des personnes conservent la pratiques de leurs résolutions, et pratiquement que 46% les maintiennent après les 6 mois.
Depuis une 10aine d’années, plusieurs études et recherches foisonnent autour des raisons derrière l’échec des résolutions annuelles. Des spécialistes et des psychologistes s’accordent sur les raisons même s’ils les priorisent souvent différemment. Certains parlent de quelques raisons majeures (3 à 5), et d’autres donnent des listes exhaustives allant à une vingtaine ! En passant en revue ces listes, j’ai retenu quelques-unes des raisons qui me paraissent les plus pertinentes des psychologues et d’auteurs à succès, notamment Amy Morin, Jonathan Alpert, et Jon Acuff, et que j’ai reformulé en accentuant la connotation « changement et adoption» :
Succomber à la tendance de se fixer des résolutions à tout prix (par effet de contagion sociale), alors que vous pouvez ne pas être prêt ;
La multiplicité des résolutions qui peuvent vous éparpiller autour de plusieurs priorités, qui peuvent vous démotiver ou vous faire oublier la régularité de la qualité vs. la quantité ;
Ambitionner le perfectionnisme, ou définir des objectifs non réalistes par effet d’annonce, et ne pas privilégier des progressions modestes et atteignables ;
Croire que les résolutions se maintiennent sans grands efforts de discipline personnelle, sans engagement de régularité infaillible, et sans capacité à célébrer les petits progrès.
La dernière raison évoquée, ci-dessous, reflète aussi les résultats des recherches très poussées d’un groupe d’experts de l’University College London qui affirment qu’il faut plus de 66 jours pour se débarrasser d’une ancienne (mauvaise) habitude, et d’autant encore pour instaurer une nouvelle. Il s’agit bien d’une moyenne, sachant que l’intervalle de cette durée d’appropriation varie entre 18 et 254 jours. Ceci devrait vous interpeller dans le sens où le changement prend du temps, et que le challenge de la réussite des résolutions dépend de notre capacité à comprendre que les résultats prendront du temps à être palpables. La plupart d’entre nous, s’attendent à des résultats spectaculaires du jour au lendemain, ce qui est à l’origine de la déception entre les attentes et la réalité du changement.
Cette déception est aussi connue chez les experts par la « La vallée de la déception » abordée par l’auteur James Clear dans un de ses livres à succès. Il la décrit brillamment en insistant que « Nous nous attendons souvent à ce que le progrès soit linéaire. Au minimum, nous espérons qu'il sera rapide. En réalité, les résultats de nos efforts sont souvent différés. Ce n'est que des mois ou des années plus tard que nous réalisons la véritable valeur du travail que nous avons accompli. Il peut en résulter une "vallée de la déception", où les gens se sentent découragés après avoir travaillé dur pendant des semaines ou des mois sans obtenir de résultats. Cependant, ce travail n'a pas été gaspillé. Il a simplement été stocké. Ce n'est que bien plus tard que la valeur totale des efforts antérieurs est révélée”.
Un changement personnel concret commence aussi par vous, avant d’importer des pratiques d’ailleurs (des résolutions « prêtes à porter »). Les quêtes d’inspiration ne devraient pas piétiner vos propres efforts de comprendre ce que vous êtes et comment vous évoluez. Partir des détails de vos propres histoires et vos apprentissages, est le fondement qui assurera un ancrage concret de vos atouts inégalés, comme expliqué dans un de mes précédents articles. Le début d’année est un jalon très intéressant pour pratiquer ce rituel d’auto-évaluation personnelle.
En entreprenant cette introspection, nous réalisons que nous sommes aussi sous l’emprise de beaucoup d’influences qui mettent en cause notre libre arbitre pour éviter les pièges des résolutions. Cette influence se manifeste clairement dans l’effet de contagion sociale qui est décrite dans la première raison d’échec des résolutions, mais elle se voit accentuée dans l’effet très négatif et parfois destructeur du digital. Ce dernier est souvent un très fort accélérateur des raisons qui nous empêchent de changer, et nous devons repenser un digital humain ou non exploitant les humains. Dans ce sens, rien de plus pertinent que de rappeler les paroles de Yuval Noah Harari qui méritent d’être méditées à plus d’un titre, pour débuter l’année avec un mindset anticonformiste : « Les humains ont des corps… Au cours du siècle passé, la technologie nous a distancié de nos corps. Nous avons perdu notre capacité de prêter attention à ce que nous sentons et goûtons. Nous sommes plutôt plongés dans nos smartphones et nos ordinateurs. Nous sommes plus intéressés par ce qui se passe dans le cyber espace que par ce qui se produit dans la rue. Il m’est plus facile que jamais de parler avec mon cousin en Suisse, mais il m’est difficile de parler avec mon mari au petit déjeuner, parce qu’il ne cesse de regarder son smartphone, plutôt que moi ».
Par Farid Yandouz
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